Au cœur du Lauragais, en région de la Piège, nom qui signifie littéralement les reliefs venant de l’occitan Pech et par déformation Piège, se trouve Salles sur l’Hers. Depuis la période gallo-romaine, le territoire de la Piège est réparti en propriétés privées, généralement des exploitations agricoles et des terres publiques dites Domaine du fisc.
Le toponyme Salles proviendrait du terme germanique Sala désignant un château, une résidence seigneuriale. Le premier seigneur connu nominalement désigné était Jean de Salles en 1145. Donc dès le XIIe siècle, le lieu de Salles est attesté. Le château de Salles n’étant à cette époque qu’une tour carrée.
Un peu d’histoire nous conduira au XIIIe siècle où la seigneurie et les terres de Salles appartenant au seigneur Arnaud de Salles, propriétaire du château et des terres environnantes, couvertes principalement de forêts. Ces terres furent confisquées par Alphonse de Poitiers, comte de Toulouse. En effet, le seigneur des lieux Arnaud de Salles, condamné pour hérésie, fut dépossédé de ses biens en 1257. C’était la période de l’inquisition dans le royaume de France, croisade et répression contre le catharisme par le roi Louis IX (Saint-Louis) et le pape Grégoire IX. En 1268, Raimond Galabert adressa une requête à Alphonse de Poitiers en vue de récupérer ces terres qui lui auraient été données comme dot par Arnaud de Salles, son beau-père. Requête qui sera rejetée.
En 1270, Alphonse de Poitiers créa le village de Salles et ordonna la fondation de la bastide de Salles sur l’Hers. Ayant un rôle essentiellement économique, la bastide, qui bénéficiait d’un statut privilégié devait attirer la population rurale environnante. Village neuf, les rues étaient à angle droit. Véritable exploitation agricole, cette fondation n’avait qu’une fonction défensive accessoire.
Du XIV au XVIème, la baronnie de Salles passa par succession et mariage, de la maison des Villars, à la maison d’Espagne Barcelone, à la famille de Montesquiou. A la fin du XVIe siècle, George de Pontaut, fils de Bernard de Montesquiou est le propriétaire de la baronnie de Salles sur l’Hers. Il la vendit à François de Roquefort, seigneur de Marquein. La tradition rapporte qu’en 1579 et 1581, Catherine de Médicis aurait séjourné au château de Marquein.
A partir de ces années, les terres et propriétés ne sortirent plus de la maison des Roquefort jusqu’en 1797. La fortune immobilière de la famille Roquefort était à son apogée et prît le titre de Marquis dès la fin du XVIIe siècle. Dans les années 1790, c’est la période de la Terreur en France avec la Révolution et toutes les grandes familles nobles ont perdu quelque chose en ces temps difficiles.
Dans le Lauragais trois grandes économies font la richesse de la région : l’or blanc, l’or bleu, l’or jaune.
L’or blanc est la laine, l’élevage de la brebis est donc une valeur sûre de la région. Dans cette optique, au XVIIème siècle, beaucoup de pâturages ont été aménagés par défrichement au cours d’un remembrement. Durant les années 1960-1970, l’État en exécuta un second de bien plus grande envergure dans le but d’expanser une nouvelle fois ces espaces d’élevage.
L’or bleu pour finir : le Pastel, matière qui a donné une page d’histoire au Lauragais ainsi que la richesse à sa région. En effet à partir du XVIème siècle, la culture du Pastel connaît un essor étonnant dans le bassin toulousain. Il s’étend le long de la vallée de l’Hers Mort et dessert une grande partie de la Piège qui connaîtra l’une des périodes les plus brillantes de son histoire. Malheureusement, en cette période, véritable âge d’or du Pastel, ce commerce sera stoppée pour trois raisons : les guerres de religion, l’imposition de taxes énormes et surtout la concurrence de l’indigo. Celui-ci venait des Indes occidentales et était de moindre qualité que le Pastel quant à la tenue des couleurs dans le temps par rapport à l’indigo.
L’or jaune est le blé qui a toujours été la valeur noble jusqu’aux années 1850. 1850, L’époque de la création dans la région du chemin de fer, qui amena des blés beaucoup moins cher venant de la Beauce et de la Brie, puis de l’étranger par bateaux de Marseille ou Sète sur le Canal du Midi.
Nous ne serions pas loin de penser que la ferme-bergerie Beau Soleil répertoriée sur une carte du XVIIe siècle était la propriété de la famille Roquefort comme beaucoup d’autres fermes sur la région de la Piège. La ferme Beau Soleil deviendra par succession, donation ou achat : Arguze nom du nouveau propriétaire de la bergerie, pratique courante à l’époque. Par déformation du langage, le domaine Arguze, tel qu’il est inscrit au cadastre, devint Argouse.
Sous Louis XIV au XVIIe siècle, Argouse était une bergerie de brebis lauragaises, espèce presque disparue à ce jour. Le dernier troupeau étant répertorié en 1985 à Lafarge à proximité de Vixiège au Nord de Mirepoix. Sa laine très blanche était lavée puis filée dans chaque Borde (ferme), la spécialité des personnes âgées.
Argouse s’étendait jusqu’au ruisseau Les Métayères qui se jette dans le Gardiole qui lui-même rejoint L’Hers Mort alimenté aussi par la résultante des eaux pluviales venant des collines du Razès près de Castelnaudary et non pas par une source comme L’Hers Vif, rivière qui passe à 12 km d’Argouse, à Mazère.
Le domaine Argouse resta une ferme lauragaise jusqu’à l’après-guerre puisque dans les années 1946 quatre personnes y vivaient des produits de l’élevage et de l’agriculture. Sans doute la famille Rouge-Maleville, peut-être parents du curé de Salles sur l’Hers, Julien de Maleville, qui procéda à d’importants travaux d’embellissement de l’église du XVIe de 1975 à 1981. Ceux-ci feront en sorte de donner une valeur certaine au domaine.
Actuellement, la propriété est axée sur l’accueil touristique car au carrefour de lieux d’intérêt comme le Canal du Midi, la Cité de Carcassonne, tous deux au patrimoine de l’UNESCO, sans oublier les châteaux du Pays Cathare et les différentes Abbayes.
Les priopriétaires actuels, Nadine et Serge Médina, ont voulu apposer leur marque mais aussi donner un nom à ce lieu. Ils ont donc décidé de surnommer le domaine Argouse Le Mas de Rinette, rendant ainsi hommage à un membre de la famille.
Nous vous souhaitons la bienvenue dans cet endroit magique du Lauragais, au pays des Mille Collines, ayant vue directe sur la Chaîne des Pyrénées et sur la Montagne Noire, contrefort du Massif central. Petit coin de nature préservé par le temps, perché sur la crête qui mène de Salles à Marquein, où il fait bon vivre et où l’on comprend après y avoir séjourné, pourquoi les anciens avaient surnommé le Mas de Rinette La ferme Beau Soleil.